L’accès aux données demeure une condition essentielle pour le développement d’une industrie française et européenne de l’intelligence artificielle. Dans un monde de plus en plus automatisé, la vitalité et la performance de la recherche, de l’action publique et de la capacité collective à façonner l’avenir de l’intelligence artificielle et de la société automatisée dépendent de cet accès.
Cependant, la situation actuelle dans le domaine de l’IA est marquée par une asymétrie critique entre les principaux acteurs du secteur, tels que les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, avec IBM en tant qu’acteur majeur de l’IA), d’une part, et les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) d’autre part. Ces géants ont fait de la collecte et de la valorisation des données la clé de leur prédominance. Cette asymétrie engendre une seconde asymétrie, critique, entre l’Europe et les États-Unis.
Pour illustrer cette situation, il suffit d’examiner les flux de données entre ces grands espaces géographiques : en France, près de 80 % des visites vers les 25 sites les plus populaires sur un mois sont captés par les grandes plateformes américaines. Dans ce contexte, l’Europe apparaît comme une exception, car ni la Russie ni la Chine, pour ne citer qu’elles, ne parviennent à capter une part aussi importante des données de leurs utilisateurs.